Le début de ce mandat a été marqué par les différentes crises. Quel a été l’impact sur le budget de la collectivité et les projets à conduire ?
La crise sanitaire s’est doublée d’une crise économique et sociale : un début de mandat particulier qui a nécessité beaucoup de pugnacité. Je me suis attelée à accompagner les Avignonnais les plus fragiles et les plus isolée -corbeilles solidaires, aides aux associations caritatives, baisse des tarifs de restauration scolaire-, c’est le fil rouge de ces trois premières années de second mandat. C’est bien là le rôle de maire protecteur, de maire bienveillante aux côtés des habitants, en partage avec leurs difficultés de vie. C’est ce qu’on appelle la résistance active, la résilience, celles qui permettront de trouver l’énergie pour continuer à porter des projets pour notre ville, pour qu’elle se continue de se transformer. Nous sommes restés ambitieux, notamment en termes de transformation, d’embellissement de nos quartiers. Nous avons également développé des nouvelles politiques de solidarité, à la fois envers nos seniors et les plus jeunes, parce que la vie devait reprendre, en partageant des moments de convivialité, culturels, sportifs. Faire vivre cette ville fraternelle à laquelle je suis particulièrement attachée.
Quelles actions menez-vous pour aider les habitants malgré les difficultés qui persistent ?
Dans ce contexte compliqué, le mandat de maire s’est encore plus imposé dans sa double dimension : porter plus que jamais une vision et une ambition à horizon 2030 et même 2050 pour sa ville, continuer à la faire avancer, mais aussi être dans cette extrême proximité, cet accompagnement et cette protection dus aux habitants. À l’occasion de ces trois ans de mandat, nous organisons une série de visites de terrains pour continuer d’expliquer aux Avignonnais ce que nous impulsons, pour les écouter, parce qu’un projet municipal se nourrit au jour le jour de ces échanges. Parallèlement, notre action s’est concentrée sur des projets d’avenir : rénovation de l’école des Grands Cyprès, la bibliothèque Jean Louis Barrault, nos piscines de proximité, mais aussi de nouveaux quartiers qui commencent à émerger. La transformation urbaine s’inscrit dans une durée longue dont on commence aujourd’hui à récolter les fruits. En 2023, au cœur de l’écoquartier Joly Jean, une nouvelle école voit le jour et de nouveaux habitants s’installent.
Comment agissez-vous face à certaines difficultés, telles que la propreté ou la délinquance, qui ne dépendent pas de la seule responsabilité d’un maire ?
Concernant la propreté, ce sont des enjeux que nous partageons avec le Grand Avignon. Collecte, propreté, entretien quotidien… nous sommes extrêmement mobilisés. Mais j’en appelle aussi à la responsabilité de chacun. Nous vivons dans une belle ville, patrimoniale, qui est aussi une ville nature, avec beaucoup de parcs et jardins, c’est un véritable atout notamment dans le cadre du réchauffement climatique. Pour autant, je constate qu’il y a encore trop de comportements inciviques qui obèrent complètement tous les efforts collectifs ! C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de verbaliser de manière beaucoup plus systématique ceux qui ne respectent pas ce bien commun.
Concernant la sécurité, je suis un maire qui préfère agir plutôt que faire de longs discours. Nous menons un travail commun sur ces enjeux de sécurité, avec la Préfète et le Directeur départemental de la sécurité publique. Une sécurité de proximité qui incombe à la Ville avec sa police municipale et nos médiateurs qui font un travail quotidien important avec notre jeunesse. Il ne peut y avoir de sécurité s’il n’y pas de prévention et une politique ambitieuse en matière de jeunesse. Je porte des exigences vis-à-vis de l’État, car la sécurité reste une compétence régalienne, surtout lorsqu’on est sur une insécurité liée au trafic de stupéfiants. Pour moi, c’est une vraie préoccupation et une source d’inquiétude permanente : le droit à la sécurité doit être le même pour tous les Avignonnais quel que soit le quartier dans lequel ils résident. Il nous faut renouer le lien de confiance : personne ne doit avoir l’impression d’être abandonné. La Préfète m’a assuré de son entier soutien sur ces enjeux, nous allons engager de nouvelles actions, qui renforceront notre efficacité sur le terrain et au quotidien…
Que bilan global tirez-vous de l’action réalisée depuis votre réélection ?
C’est un bilan qui s’inscrit dans la continuité de ce qui a été produit depuis 2014, y compris celle de la non augmentation des impôts. Il y a des points sur lesquels on a voulu accélérer les choses : la ville nature est en train de se développer notamment par le programme Fraîch’cours de végétalisation de nos cours d’école. Nous requalifions et embellissons nos parcs : avec une trentaine de parcs et jardins en proximité, à l’heure du réchauffement climatique, c’est un vrai atout. Pouvoir sortir de chez soi en pleine journée et aller se poser à 300 m dans un parc embelli et revégétalisé, c’est primordial en termes de confort de vie. Il y a également la ferme urbaine du Tipi qui a pris sa pleine dimension dans le quartier ouest. Nous y avons aussi aménagé le parc de Laïcité sur ce qui était à l’origine une friche. Dans quelques mois, ce sera le parc Champfleury qui sera réembelli. Le centre-ville n’est pas oublié, avec le jardin du musée Calvet ou la végétalisation de la rue des Écoles. A cette dimension de ville nature et de ville résiliente, s’ajoute une ville agile et inventive. Les sources d’énergie sont de plus en plus couteuses, nous devons avoir une approche plus sobre et aller chercher des énergies plus vertueuses. Nous avons lancé une étude pour construire un réseau de chaleur qui ira puiser sa source d’énergie par la géothermie, dans le sous-sol : avant la fin du mandat, les premiers logements seront raccordés à ce réseau d’énergie durable, à coût constant. Cette question de la sobriété se pose aussi de manière cruciale pour la ressource en eau : nous expérimentons de nouvelles pistes comme l’utilisation des eaux brutes des canaux ainsi que des eaux grises.
Ces orientations de ville nature et vertueuse sont les grandes avancées de ce mandat ?
Elles étaient déjà présentes mais se sont imposées de manière plus forte. Il y a toujours la volonté de porter des projets ambitieux, notamment à travers des réhabilitations d’équipements et de nouvelles constructions : on est très fiers de voir le chantier de l’école Joly Jean se déployer au quotidien. Je l’ai déjà dit, il n’y a pas de plus beau projet pour un maire que de construire une école. Il y a aussi la réhabilitation de la bibliothèque Jean-Louis Barrault : ce sera un véritable phare culturel pour les quartiers sud et au-delà pour toute notre ville.
Quels autres projets marqueront votre 2e mandat ?
Rouvrir les Bains Pommer, un lieu patrimonial dont les Avignonnais étaient privés depuis 1970. Ce lieu c’est aussi l’histoire d’une très belle rencontre avec Elisabeth Pommer qui a accepté de faire don à la Ville de ce patrimoine inestimable de la fin du XIXe siècle. Ce sera l’occasion de découvrir l’Avignon de la Belle Époque. Tout est lié, créer un nouvel espace muséal dans l’intra-muros c’est aussi rééquilibrer les cheminements touristiques, très concentrés dans la partie ouest du centre historique. Ce nouveau lieu sera en résonance avec la rue des Teinturiers et avec les rues Bonneterie et Thiers, requalifiées.
Tout s’inscrit dans une même logique, une même ambition : magnifier la ville d’Avignon et nous rendre plus heureux d’y vivre. Un des projets de ce second mandat a donné lieu a beaucoup de commentaires, la Plan Faubourgs. Le plan circulation qui a été posé en janvier 2022 n’était que la première strate d’une ambition plus large : redonner une réelle qualité de vie aux habitants de ces quartiers. C’est le cas aujourd’hui de ce que nous avons produit autour du parc de l’Abbaye Saint-Ruf et de son parvis. Ce sera le cas en juin dans le quartier ouest avec le square Indochine, qui était un parking, et qui n’aurait pas été possible d’engager avec l’avenue Monclar circulée dans les deux sens ! Il fallait commencer par diminuer fortement la circulation, principalement celle de transit, pour favoriser et sécuriser les déplacements à pied ou à vélo, et créer de nouveaux lieux de vie et de rencontre.
Quel chemin reste à parcourir jusqu’en 2026 ?
Il y a encore beaucoup de projets en cours. Mon action s’inscrit dans la durée, des projets seront enclenchés lors des trois dernières années du mandat, d’autres se poursuivront au-delà. Je pense à la rénovation urbaine des quartiers populaires, programmée entre 2020 et 2030. Sur les trois prochaines années, des chantiers tant attendus dans ces quartiers seront enfin enclenchés, et je m’en réjouis. Il est temps de passer à la phase de réhabilitation des logements, en lien avec les bailleurs sociaux, par exemple à la Reine Jeanne, ou encore à la résidence le Mistral, pour améliorer enfin la qualité de vie des habitants.
Cette vision que vous avez avec la création de nouveaux quartiers, à horizon 2030, comporte aussi de nouveaux modes de transport innovants tel que le téléphérique ?
Il y a effectivement des opérations de rénovation, mais aussi des nouveaux quartiers et parmi eux, Avignon Confluences sur lequel nous sommes mobilisés avec le Président du Grand Avignon. Je le dis depuis toujours, ce quartier doit être un symbole de la ville moderne, celle de 2050 ! C’est une formidable motivation ! Parmi les moyens de mobilité possibles, le téléphérique incarne cette modernité et présente des avantages : peu d’emprise foncière, la facilité à franchir des obstacles, financièrement soutenable, ce téléphérique permettrait de relier facilement et rapidement le centre-ville au quartier Confluence. Si on veut y aller, la décision doit être prise maintenant. Le Président du Grand Avignon a accepté qu’une étude soit lancée, elle permettra de voir s’il y a une opportunité de le faire.
La dimension citoyenne est aussi primordiale pour vous ?
Nous venons de renouveler les conseillers de quartier, de façon novatrice avec un tirage au sort : une prise de risque, mais aujourd’hui il en résulte une très belle motivation de toutes et tous. Plus il y aura d’Avignonnais engagés, plus on arrivera à améliorer les choses et à multiplier les projets. C’est une ville citoyenne, à taille humaine, bienveillante, qui nous mobiliser jour après jour avec les élus qui m’accompagnent. Ainsi, les Maisons Communes qui vont se déployer dans chacun de nos quartiers. Cette ville à taille humaine faite de contacts, d’échanges, d’œuvres collectives, j’y tiens plus que tout pour Avignon. Aujourd’hui, dans mon mandat de maire, cet objectif est celui qui qui prévaut sur tout !
Être maire, c’est agir au quotidien mais également avoir une vision pour l’avenir ?
C’est ce qui me motive et qui fait tout l’intérêt du mandat de maire. Il faut être en capacité d’agir dans la proximité et la quotidienneté et être chaque jour auprès des Avignonnaises et des Avignonnais. Il faut aimer les gens, échanger, construire avec eux et chercher ensemble à améliorer notre vie quotidienne. Je me nourris de ces contacts. Et en même temps être maire, c’est avoir envie de projeter sa ville dans l’avenir et porter une ambition pour elle.
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