Transversale et stratégique, la dynamisation du commerce local est le fruit d’outils convergents et réunit de nombreuses fonctions urbaines. Au cœur d’un cadre exceptionnel et néanmoins complexe, la Ville d’Avignon se saisit des différents enjeux et se réinvente en proposant de nouveaux dispositifs qui renforcent les liens avec les acteurs du commerce. Mais aussi avec tous les habitants, bénéficiaires d’un cadre de vie embelli pour cheminer et découvrir une offre attractive et renouvelée.
Une Maison pour accompagner les commerçants, des petits-déjeuners pour rencontrer les professionnels, la requalification des espaces publics entraînant l’intérêt des investisseurs, une charte des terrasses pour harmoniser l’image de la ville et valoriser le commerce local, une offre de services revitalisée et un déplacement des axes commerciaux… Malgré les difficultés engendrées par la crise économique, et grâce à des actions concrètes, le cœur de ville est toujours aussi attractif et s’adapte avec sagacité à la mutation des usages et des activités commerciales. Grâce à cette dynamique positive, 1 300 commerces sont établis dans l’intra-muros (800 dans l’hyper centre), le taux de vacance commerciale de 8,6 % restant en-deçà de la moyenne nationale. « Nous constatons un changement depuis le Covid, analyse la Direction commerce et artisanat de la Ville, les succursales historiques ferment, de nouvelles enseignes s’implantent concernant notamment l’équipement de la personne ou de la seconde main. » Même constat avec le retour d’activités médicales et des commerces de bouche dans le centre-ville, signes d’une offre bien repensée.
Un nouveau Repère au service des Avignonnais
D’ici l’été, au cœur de la rue Carreterie réhabilitée (lire page 10), un pôle municipal cohérent sera proposé aux Avignonnais : le Repère de la Caserne. Alors que le 106 rue Carreterie accueillera une Maison des Projets ouverte à tous, au 104 l’AGORAé offrira une épicerie sociale et solidaire aux étudiants, et le 102 aura sa Maison du Commerce. Un lieu de centralisation de l’information, en lien avec les Chambres de commerce & d’industrie et des métiers & de l’artisanat, à la fois structure d’accueil, de facilitation et d’animation. Elle permettra aux porteurs de projets la simplification des démarches en recentrant tous les services référents : quatre agents du pôle commerce les accueilleront sur place, dont un poste de facilitateur spécialement créé. Un « lieu vivant » porté par le Maire d’Avignon qui a voulu l’inscrire dans une dynamique circulaire en confiant la décoration à l’association Trevie. « Ce sera le lieu totem, le centre de la vie commerçante du territoire pour les commerçants et les consommateurs » assure la Direction, rappelant la relation vertueuse et la démarche de co-construction impulsée avec le tissu commercial local.
Une animation commerciale réinventée
La mise en place d’un cycle évènementiel renforcera l’animation de proximité : rendez-vous experts mensuels, parcours-découverte des métiers chaque trimestre, pot d’accueil des nouveaux commerçants deux fois par an, actions autour du commerce solidaire et durable (cafés suspendus, coiffures sociales, rencontres des labels éco-défis), visites de quartiers avec les porteurs de projets... Dans ce cadre, un premier petit-déjeuner du commerce a déjà eu lieu en mars, en présence du Maire, avec une dizaine d’agents immobiliers afin d’analyser les besoins des enseignes et la vacance commerciale.
Entretien avec Richard Hemin - Président de la Fédération des commerçants d’Avignon
Quel bilan tirez-vous de l’année 2022 à Avignon ?
La saisonnalité a été bonne avec une belle fréquentation touristique. La ville est transformée, elle est plus belle : il faut que les gens se réhabituent à venir et que certaines enseignes plus qualitatives s’installent pour les attirer. Le commerce de proximité a un avenir, car le modèle du produit unique multiplié, que tout le monde achète, s’épuise. Les grandes surfaces tremblent, on le voit bien. Ce changement n’est pas négatif pour le commerce du centre-ville : il a une case à rejouer.
Extra-muros également ?
C’est pareil. Il y a une remise en question de la consommation dans tous les foyers. On est à un virage, les habitudes changent pour consommer au jour le jour et de meilleure qualité.
Votre conseil à un commerce qui s’implante à Avignon ?
Il faut un modèle économique viable. L’emplacement doit correspondre au produit et le produit à l’emplacement ! Les gens ont besoin de s’identifier à quelque chose, il faut leur raconter une histoire, leur faire vivre une expérience. Le commerce identitaire, c’est pour moi la clé de la réussite. Et le client a besoin de voir qu’en consommant, c’est bon pour lui et/ou pour la planète. Il n’y a pas que le produit, il faut que ce soit gagnant/gagnant.
Sur quoi planche la Fédération ?
Notre idée, c’est de jalonner des événements référents toute l’année : braderies, Marché de Noël dont les petits chalets pourraient servir à un futur marché d’artisans en août Place du Petit Palais, uniformisation de l’éclairage des fêtes de fin d’année, Journées Vintage etc… Notre gros projet, c’est de faire rayonner des évènements au-delà des Remparts, avec la complicité des Associations de commerçants.
« Stop à l’Avignon bashing ! »
« Il faut arrêter de faire de l’Avignon bashing : Avignon n’est pas en train de mourir ! Aujourd’hui nous avons un taux de vacance dans la moyenne basse nationale, à 8,6 %. À chaque fois qu’un magasin ferme sur Avignon, il y en a 2,5 qui ouvrent, soit 5 ouvertures pour 2 fermetures ! Il y a des belles reprises rues des Marchands, Joseph Vernet, République, et sur l’axe Carreterie, ce qui est la preuve que la requalification fonctionne. Secteur Saint-Didier/Trois-Faucons, il n’y plus de boutique à louer… Avec la création de la Maison du Commerce, nous voulons être des facilitateurs pour que lorsqu’un commerce s’installe, il ait toutes les réponses sur place. Je suis optimiste et confiant, la dynamique est à l’œuvre ! »
Claude Tummino, adjoint délégué au développement économique, commercial et agricole
Boutique Petit Léon : La success-story locale, raisonnée… et inversée
Dénicheur de puériculture éco-responsable, Petit Léon est un magasin spécialisé dans la vente de produits éthiques et chics pour bébés, privilégiant les matériaux naturels et l'artisanat de qualité. À partir de 2020, l’enseigne indépendante a commencé à proposer à la vente en ligne une large gamme de produits pour enfants de 0 à 12 ans, et désormais en boutique, au bout de la rue Joseph Vernet.
À l’origine de ce concept-store digital passé à la vente physique, Myriam Dugnas réunit des marques et a créé sa propre marque, Petit Léon, spécialisée dans les couffins en osier remasterisés localement, au sein de l’atelier solidaire Chez Babel à Saint-Chamand, avec sa collection de sacs à langer, trousses de toilette, etc.
« On travaille sur un circuit court pour rester accessible, c’est une aventure qui fonctionne bien. On a eu une forte croissance avec le développement digital, aujourd’hui on souhaite se réadapter en internalisant la logistique, traduire notre site à l’international et trouver une boutique plus grande… » La bonne idée ? Avoir créé le parcours-client inverse de la logique actuelle, du web vers la boutique physique : « C’est une autre manière de consommer, un cercle vertueux pour compléter une expérience d’achat et bénéficier de conseil. »
Café-Librairie Youpi ! : Lire et manger toute la journée
Vous connaissiez le combo Sartre/tomme de Savoie ?
Claude Ponti/chocolat chaud ?
Fromages, légumes bio, vins locaux et littérature font désormais bon ménage chez le trio de repreneurs de feu l’épicerie Youpi les brocolis, à Saint-Ruf, dont la clientèle fidèle se réjouit de la poursuite des activités (sauf la vente en vrac, une fois par mois). Sobrement rebaptisé Youpi !, la nouvelle mouture de café-librairie a de quoi séduire tous les appétits. « On remplit l’estomac et les esprits » : un principe familial que l’équipe (Dorian, Aurélien et Axelle) réunie en coopérative, applique désormais (après deux ans d’accompagnement par l’incubateur Camina), avec une librairie généraliste intégrée à l’entrée du magasin et un coin enfants disponible en arrière-salle.
L’offre de restauration, uniquement végétarienne, propose toujours dans un esprit cantine, petits prix et formule anti-gaspi, tous les midis (mardi au samedi). Autres nouveautés : le salon de thé ouvert l’après-midi avec des pâtisseries maison et des rencontres d’auteurs organisées le jeudi à 19h. Youpi !
La marguerite à table : L'Italie en majesté !
Le restaurant La Marguerite à table, situé rue Pétramale, à quelques mètres de l’axe Trois-Faucons, fleure bon l’Italie. Ici Anna-Maria Giagnolini propose à la table, en terrasse (aux beaux jours) ou à emporter : pâtes fraîches, cuisine maison et épicerie fine d’Italie. « Je cuisine des plats typiques italiens, les plus simples possibles, pour rester à la base du produit » raconte la restauratrice, ancienne architecte à Venise, reconvertie par gourmandise. Et quels produits ! Notez les trois plats signatures maison : tagliolini à l’encre de seiche et aux deux poutargues, cappelletti à la viande et baccalà mantecato (brandade vénitienne). Le tout à prix abordables, servi avec l’accent chantant et la gentillesse incarnée. « Une fois par mois j’organise des soirées à thème pour faire découvrir des plats typiques régionaux : le 22 avril la Vénétie, le 27 mai les Abruzzes et le 24 juin la Sicile » conclue celle qui avoue qu’« à Avignon, c’est comme à la maison ».
La Cristole : 40 boutiques attractives pour la maison
Située entre Cap Sud et Mistral 7, la Cristole est la seule zone commerciale d’Avignon : sans galerie marchande, on y trouve 40 commerces indépendants, familiaux et locaux. Président de l’association des commerçants de la Cristole, Laurent Veber possède quatre boutiques : Mr Meuble, Home design, Grand Litier et Univers du Cuir, sa marque locale. Créée il y a 12 ans, cette dernière a développé sur le Net une visibilité nationale « mais elle garde un seul show-room, ici à Avignon, j’y tiens » confirme ce dernier. « Aujourd’hui, à la Cristole, il n’y a plus aucun bâtiment de libre, tout est complet. C’est une zone spécialisée dans l’équipement de la maison, attractive, qui s’est bien renouvelée et on ne le sait pas toujours ! » Avec un accès en chronobus et un arrêt dédié, le stationnement facilité devant chaque boutique et un restaurant : « Il y a tout pour bien recevoir les clients ! »
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