Polonais, italiens, hongrois, juifs, espagnols ou arméniens… Ces compagnons ont donné leur vie pour les valeurs universelles de la France et leurs actions retentirent dans toute l’Île-de-France avec près de trente opérations.
Avignon n'oublie pas et honore leur engagement.
Retrouvez le discours prononcé par Cécile Helle, pour l'occasion.
Seul le discours prononcé fait foi
Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour célébrer la mémoire des membres du groupe parisien Francs-Tireurs et Partisans -Main d’œuvre immigrée qui furent toutes et tous fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien, lieu martyr de la résistance française.
Une femme et 22 hommes composaient ce groupe, qui fut l’un des plus actifs sur le sol français pendant la seconde guerre mondiale ; parmi eux, 20 étrangers : des Arméniens, des Espagnols, des Italiens, des Hongrois, des Polonais et des Juifs d’Europe Centrale et de l’Est, tous migrants accueillis depuis quelques années dans notre pays et ayant fait leur la devise de Thomas Jefferson : « Tout homme a deux pays : le sien et la France ».
Structure mise en place par le Parti communiste français dans les années 1920 pour encadrer les très nombreux étrangers travaillant en France, les FTP-MOI constituent une part importante des forces mobilisées qui mettent sur pied de nombreux attentats à partir d’août 1941, lorsque le Parti communiste français s'engage dans la lutte armée. Au regard de parcours de vie très tôt marquée par le déracinement avec leur terre natale, très tôt entachée par la barbarie des hommes, très tôt empreint des valeurs de la République qui les a accueillis, leur engagement contre la barbarie nazie et l’oppression s’est imposée à eux comme une évidence.
Missak Manouchian, qui a depuis toujours une âme de résistant, une âme de combattant, une âme de frères humains, devient commissaire militaire de l'ensemble des FTP-MOI de la région parisienne. Avec ses camarades, il fait le choix de se battre avec courage et conviction pour un pays qui n’est pas le sien. Ensemble, ils perpétuent plus de 70 attentats contre l’occupant nazi.
Lorsque les 23 membres du groupe finissent par être interpellés, les Allemands placardent alors sur les murs de Paris, mais aussi sur ceux de toutes les villes et tous les villages de France, la fameuse « Affiche rouge » à des fins de propagande raciste et xénophobe. Les origines étrangères des membres de cette armée du crime y sont stigmatisées : pour l’occupant allemand, il s’agit bien de susciter les peurs et d’éveiller les comportements les plus vils au sein du peuple français.
Mais cette affiche, loin de provoquer l’effroi, agit à l’inverse comme une promesse, un espoir, la possibilité désormais acquise de la libération. Nombre de nos compatriotes y reconnaitront la bravoure de cette femme et de ces hommes fiers de mourir pour la nation qui les avait généreusement accueillis quelques années auparavant.
Loin de criminels et de bandits, ils devinrent des héros !
Ces cérémonies sont là pour nous rappeler combien il est important de ne pas oublier notre histoire collective : il n’y a pas pire danger pour toute société humaine que de succomber à l’oubli, sauf à vouloir risquer de se perdre soi-même. Une Nation qui sait regarder en face son passé ne perd jamais de vue le sens profond de son identité et appréhende ainsi plus sereinement son avenir.
Souvenons-nous de cette journée du 21 février 1944 où cette femme et ces hommes qui avaient trouvé refuge en France des années auparavant sont morts pour elle et pour notre liberté.
Souvenons-nous de leur parcours de vie et des valeurs qu’ils défendaient, celle d’une République libre, émancipatrice, unie et donc plus forte.
Souvenons-nous enfin que ceux qui ont cherché à répandre la haine et le rejet de femmes et d'hommes qui étaient différents de peau, de culture, de religion, de langue... se sont heurtés à un peuple qui n'a pas oublié, même dans les heures sombres qu'il vivait depuis 1940, que depuis toujours la France est un pays aux visages multiples et métissés !
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